Daedalus est né le 20 février 1979 à Londres, fils unique d’une mère moldue, Aubrey et d’un père sorcier, Aristée. Parce que son grand-oncle sorcier portait ce prénom, Aubrey Speer dont le monde des sorciers lui permettait toutes les fantaisies syllabiques possible, attribua ce « merveilleux prénom carrément original et pas du tout barbant comme les prénoms anglais usuels » à son fils chéri.
Daedalus est le mot latin de "Dédale". Vous savez, Dédale, c'est le mec dans la mythologie grecque qui a construit le labyrinth qu'il a "aménagé" d'un minotor ? Le jeune garçon n'a jamais compris pourquoi sa mère était si fière de lui avoir donné ce prénom...

Aristée Speer travaillait comme gratte-papier au ministère de la magie au Service des Usages Abusifs de la Magie, tandis que sa femme exerçait le métier d’infirmière au St Mary’s Hopital à Londres.
Avoir une mère très occupée par son travail et un père maladroit amoureux des créatures et de tout ce qui vit, ne l’a pas empêché de vivre une enfance et une adolescence heureuse. Les Speer vivaient dans une modeste maison de campagne en périphérie de Londres. Daedalus n’a jamais manqué de rien, toujours aimé, toujours couvert de cadeaux à Noël, toujours droit à son maxi gâteau d’anniversaire et ses pétards magiques.
Famille moldue et famille sorcière l’ont tous beaucoup aimé. Ses grands-parents étaient tous, à leur manière, des gens charmants et aimants. Daedalus était très fier d’avoir un grand-père tailleur de baguette, et une grand-mère moldue activiste dans sa jeunesse qui revendiquait l’égalité entre les femmes et les hommes.
Tous se ruèrent pour le féliciter le jour où il reçut sa lettre d’admission à Poudlard. On fit une grande fête avec du pain de viande et de la tarte à la citrouille à gogo. Daedalus se languissait ce moment plus que tout autre, son père lui avait longuement parlé de Poudlard, son château édifiant, sa forêt immense, son lac logeant un calmar géant… Son père avait étudié chez les Serdaigle, c’était un homme savant qui ne savait néanmoins pas se mettre en valeur (on sait désormais de qui tient Daedalus). Sa mère brillait en tant qu’infirmière dans un service gériatrique, ses collègues et ses résidents ne juraient que par elle. Aussi, c’est avec beaucoup d’émotion et de regrets qu’il encaissa le mot « Pouffsoufle » quand le Choixpeau se prononca.
Pourquoi Pouffsoufle ? Son père avait étudié chez les érudits, sa mère avait une mémoire plus vive encore que sa parlotte, serait-il le fils manqué ? Ce furent ses premières pensées qu’il regrettera plus tard.
Car dans la maison de Pouffsoufle, Daedalus trouva un foyer, du réconfort et surtout, des amis en or. Des amis qu’il n’avait pas besoin d’acheter avec sa coiffure impeccable et ses prouesses sur un balai. Sept années merveilleuses jusqu’à ce que tout bascule.

Daedalus était un élève moyen, non pas qu’il ne vaille rien, disons plutôt qu’il ne s’en donnait pas la peine. Il flânait dans le parc après les cours plutôt que d'étudier, il passait ses week-ends à s’amuser avec ses amis et faisait ses devoirs le dimanche soir à l’heure du coucher. Les miracles n'existent pas non plus chez les sorciers.
Il n’était pas studieux mais se débrouillait étrangement bien en métamorphose, et si ses sorts ne réussissaient pas du premier coup, c’est uniquement parce qu’il lisait les cours en diagonale plutôt que de s’accorder un temps méticuleux à leur lecture. Plusieurs fois le professeur Mcgonagal avait tiré la sonnette d’alarme quant à ses résultats ; à chaque fin de trimestre il donnait un bon coup de pouce, à chaque trimestre il réussissait à s’en sortir avec la moyenne. Il  ne s’en est jamais vanté, mais au fond de lui il pensait que le principale, c’était d’avoir réussi ses examens, peu importe que ce soit de justesse… Il a toujours aimé jouer au Quidditch et voler sur un balai, mais ne se sentait pas à la hauteur de passer les épreuves de sélection, même quand Harper, sa meilleure amie, lui annonça qu’un poste de batteur était disponible et que peu de monde aller se porter volontaire pour prendre la relève.
Son père ne lui avait pas refilé le virus de l’amour des êtres vivants. Par contre, il éprouvait beaucoup d’intérêt pour les soins aux êtres humains, et si les cours de potions n’étaient pas la matière dans laquelle il excellait le plus, il s’y intéressait beaucoup, ce qui lui permettait de beaucoup mieux s’en sortir que dans d’autres matières, comme la botanique, par exemple… vers la fin de ses études, il a même songé à entreprendre sérieusement des études de médicomages, et pourquoi pas d'infirmier ? Et pourquoi pas infirmier à Poudlard ? Madame Pomfresh ne sera pas éternelle...

Et puis tout à basculé.
1996 : septième année. D’abord, Dumbledore est kidnappé sous les yeux effrayés de ses élèves puis tué. Ensuite, Severus Rogue et Dolores Ombrage, de loin les personnages les moins sympathiques qu’il est rencontré, prennent Poudlard en otage. Les dernières nuits passées à Poudlard furent agitées. Daedalus était transit d’angoisse et sursautait à chaque fois qu’il croisait un membre de la brigade inquisitrice. Il se moquait de Potter et de tout ce qu’on pouvait raconter sur lui : le monde partait en cacahouètes, fin. Pas besoin de rejetter la faute sur le dos d'un type qui n'a rien demandé.
Les ténèbres du mage noir s’étendaient sur le monde des sorciers et personne n’était capable de lutter. Et les ennuis ne faisaient que commencer.
Vint la fin de l’année scolaire, et Daedalus monta dans le Poudlard express, loin d’imaginer ce qui l'attendait. Car rappelons-le, Daedalus est le fils d'une mère moldue et d'un père de sang-mêlé. A la gare de king cross, personne ne l’attendait. Ni papa pour le conduire au portoloin le plus proche, ni maman avec sa mini rover flambant neuve qu’elle astiquait sur le parking en l’attendant.
Les évènements se déroulèrent vite, si vite que parfois ses souvenirs en perdaient le fils : Harper, sa meilleure qu’il croyait avoir quitté sur le quai l’attrape par la main pour le tirer dans un coin à l’abri des regards indiscrets : « ils ont attaqué la maison de tes parents. Ton père est… a été tué, on ne sait pas où est ta mère, tu ne peux pas rentrer, ce sont mes parents qui m’ont prévenu… on va aller se cacher ».
Heureusement que Harper avait les épaules solides, car Daedalus, complètement déboussolé, avait l’impression de ne plus appartenir à la réalité, peinant à réaliser qu’il ne reverrai plus jamais ses parents et grands-parents. Ils empruntèrent le métro londonien, puis un taxi, puis encore un autre taxi. Là, Harper le fit monter dans un bus qui les emmena loin de Londres, dans les campagnes anglaises. Il se laissait guider, sous le choc, incapable de pleurer, incapable de résister pour lui hurler d’aller chercher sa mère qui est peut-être encore vivante, incapable de réagir, incapable de faire quoi que ce soit.
Leur périple se termina un jour et demi de voyage en transport moldu plus tard. Une ferme moldue, où ils recherchaient des employés pour les aider à tenir la ferme. Harper les présenta comme un jeune couple cherchant à réunir de l’argent pour financer leur mariage. En échange du gîte et du couvert, ainsi que d’un salaire misérable, les deux jeunes sorciers devaient se lever à l’aube pour traire les vaches et les chèvres, sortir les poules, surveiller les cochons… bref, pour que tout ce passe bien, ils devaient s’acquitter de leur tâches quotidiennes et jouer leur rôle de jeunes fiancés parfaitement normaux pour ne pas se faire démasquer.
La première année, Daedalus sombra dans un état dépressif. La perte de ses parents a laissé un trou béant au plus profond de son être qu’il peine à supporter. Une année de misérable tristesse qu’il n’aurait jamais surmonté sans les bons soins de son amie, Harper.
Le couple de fermiers étaient des gens charmants d’un certain âge. Toujours polis, toujours à démontrer leur gratitude pour leurs bons services, toujours ravis de partager avec eux la dernière gnôle qu’ils avaient confectionnée.
Pour être certaine que les purificateurs de sang ne retrouvent pas Daedalus, Harper avait opté pour une coupure totale avec le monde des sorciers. Elle ne savait pas ce qu’il était advenu de ses parents, elle avait souhaité ne donner aucun signe de vie à personne pour être certaine que le secret de leur cachette soit bien gardé.
Grâce au poste de télévision du couple de fermiers, les jeunes sorciers en cavale découvraient au journal télévisé les horreurs commises par les purificateurs de sang dans le monde des moldus. Chaque soir ils s’asseyaient dans le salon, la peur au ventre, craignant ce qu’ils allaient découvrir…
Cette mascarade dura quatre ans. Quatre ans, avant que des mangemorts ne torturent les parents de Harper jusqu’à la mort. On ne sait pas qui les dénoncé. Mais un jour ils vinrent mettre la ferme à feu et à sang : le fermier rentra brusquement dans l’extension qui leur servait d’appartement : « ils sont là pour vous, ils ont interrogé les gens du village, ils sont dingues, il y a une bouche d’égout à l’orée de la forêt sud, partez, sauvez vos vies ! » En un éclair vert le gentil vieil homme perdit la vie. Ils sortirent par la porte de derrière, et s’engouffrèrent dans les champs de blés, mais les sorciers malfaisants marchaient sur leurs pas. Alors, Harper l’arma d’un sortilège et le convia à s’enfuire. Il refusa, l’ennemi était tout proche. « Ne gâche pas tout, va-t-en ! » Elle partit dans la direction opposée, celle qui lui ferait rencontrer les mangemorts à leur trousse. Au loin, il entendit le vacarme des sorts jetés, les cris, les rires… Daedalus hésita, il ne savait pas quoi faire, il avait peur, très peur, peur pour lui, peur pour Harper, mais elle était partie. Et il s’enfuit. En l’espace de quelques minutes il trouva la bouche d’égout puante et s’y engouffra, prenant soin de refermer les grilles derrière lui. Là, dans la puanteur et la fioriture, il patienta deux jours. Au troisième levé du soleil, il quitta sa cachette, revint sur ses pas : aucune trace du corps de Harper, les corps des deux fermiers gisaient sans vie et ceux de leurs bétails, aussi.
Ce trou béant qu’avait creusé la perte de ses parents s’agrandit un peu plus. Harper s’était donnée tant de mal pour lui, tant d’énergie pour le sauver. Elle était prête à tout pour le protéger. Il l'a savait morte à présent. Il avait la sensation qu’une lionne s’était battue pour un bébé chétif, lâche et vide de courage. Du haut de ses vingt et un an, Daedalus pleura toutes les larmes de son corps, peu lui importait si quelqu’un le voyait, peu lui importait si les mangemorts revenaient. Il avait le sentiment d’avoir tout perdu…
Quand s’alluma une étincelle de courage dans son cœur piétiné : il ne pouvait pas gâcher le sacrifice de sa meilleure amie, cette amie qui s’était donnée tant de peine pour l’aider, alors qu’elle-même était une fille de sorciers, et ne devait rien craindre des purificateurs de sang. Le jeune homme s’en voulait tellement, qu'en plus du chagrin, la culpabilité le submergea. L’étincelle dans son cœur lui murmura qu’il devait essayer, dans son corps naquit la conviction qu’il se devait de rester debout pour que le sacrifice de Harper et la mort de ses parents soient honorés.
C’est ainsi qu’après quatre années d’exil, Daedalus Speer revint à Londres avec une seule idée en tête : combattre l’ennemi.
Il n'avait pas d'argent, pas de boulot, personne vers qui se tourner. Mais une chose était bien certaine : ce n'est pas dans cette ferme désolée qu'il trouverait une solution pour venger la mort de ses proches.