Le début de l'hiver est une saison rude à tout point de vue. La nature se rétracte pour survivre aux conditions moins propices à la vie. Les végétaux s'en tiennent à leur forme la plus simple, les animaux hibernent ou se cachent quand ils sont adaptés à ce faire. Les hommes, eux, ont depuis longtemps laissé cette contrainte de côté : le développement d'abris et de l'agriculture a ôté les deux contraintes principales à l'apparition de la vie à cette période. Encore plus que les simples moldus, les sorciers ne sont pas contraints par cette vieille loi de la nature qui suppose qu'hiver et infertilité vont de paire, les Greengrass en premier. Le manoir sur la côte est certes exposé au vent, mais bien protégé par divers sortilège, et convenablement chauffé. Ils n'ont pas spécialement choisit d'avoir leur premier enfant au début de l'hiver, c'est qu'ils se sont mariés un peu plus de neuf mois plus tôt, et n'ont manifestement pas de problème de stérilité. Avoir un enfant à seulement vingt ans ne dérange pas Véga, la mère : elle s'était préparé à cette perspective, et a au moins la certitude de ne pas l'élever dans la misère, car son mari Ian, de deux ans son ainé, a un compte à Gringotts assez garni, un emploi stable au Ministère, et est dans les bons papiers du Lord, alors au sommet de son premier pic de puissance.
La naissance imminente de leur enfant s'annonce sans problème, et au lendemain de Noël, Véga ressent les premières douleurs, annonciatrices de l’événement qui l'attend. Elle est alors dans son salon privé au manoir, en compagnie de sa mère, tandis que les hommes tiennent des réunions au rez de chaussé, même si le soleil est depuis longtemps couché.
À l'aube de ce moment important dans la vie d'un couple, Véga ne réclame pas la présence de son mari. Elle sait que son accouchement peut prendre du temps, et qu'il est occupé. Ce qu'ils ont, ce n'est pas un mariage d'amour : ils se respectent mutuellement tout au plus. Avec le temps, elle espère qu'ils seront au moins de proches amis, mais la vérité est qu'ils se connaissent peu, et Ian a seulement courtisé Véga quelques mois, comme leur mariage était déjà arrangé quoi qu'il en soit.  Si la future maman est d'humer un peu maussade, la douleur des contractions vient vite chasser toutes ses pensées, tellement elle est intense. Les heures passent, et bien que les contractions se rapprochent, le bébé ne semble pas près de sortir. Ian est remonté en compagnie de la mère de Véga, et ils appellent même un Médicomage de leur connaissance tant la pauvre femme semble se fatiguer.

"Ça va être compliqué" sont les premiers mots du Médicomage après quelques minutes auprès de la jeune femme. C'est un premier enfant, le bébé n'est pas dans une position optimale, bien que compatible avec l'accouchement, et la future mère est déjà faible. Quelques heures et quelques potions de renforcement plus tard, cependant, une petite tête garnie de quelques cheveux blonds apparaît. Le soleil s'est levé depuis peut-être une heure quand enfin Véga sent son effort récompensé. On est le vingt-sept décembre, il neige au dehors, et on pose une petite fille dans ses bras. Le médicomage et sa mère ont quitté la pièce, laissant Véga et Ian profiter de leur premiers instants de parentalité. La femme relève les yeux, un peu inquiète de la réaction de son mari, mais il a un air apaisé sur le visage. Ils n'ont jamais parlé du sexe du bébé, mais Véga pensait qu'il voudrait un fils pour porter son nom de famille. Épuisée, elle parvient tout de même à murmurer : "On l'appelle comment?". Dans sa famille, tous portent des noms d'étoiles, mais pas chez les greengrass. Ian cependant, a l'air d'y avoir réchléfi, et propose rapidement:
"Daphné, comme ma grand-mère, pour le premier prénom, et tu choisis le second, ça te convient?" Et Véga répond dans un souffle, toute proche de s'endormir : "Daphné Isida Greengrass."


Daphné a à peine deux ans quand le Signeur des Ténèbres chute une nuit d'Halloween, et ne se souviendra pas de cette période simple pour les Greengrass, où aucun alliés ou presque ne patientait à Azkaban. Malgré qu'il soit un Mangemort, la couverture du père de Daphné resta intacte tout au long de cette période, et il ne fut pas concerné par les multiples arrestations qui survinrent ensuite. Véga, elle, n'avait jamais prit pleinement part aux actions du Lord, se contentant de soutenir son mari, et de son rôle prenant de mère. Elle était d'ailleurs de nouveau enceinte, et six mois après la fin de cette ère, Astoria rejoignait Daphné dans l'arbre généalogique des Greengrass. Une deuxième naissance tellement éprouvante que les médicomages annoncèrent ensuite à Véga sa nouvelle stérilité, réduisant à néant l'espoir du couple d'avoir un jour un petit garçon.
Après cette nouvelle, Ian s'est plongé dans le travail, négligeant sa famille et sa nouvelle fille. Astoria n'a jamais connu de père aimant, et Daphnée ne s'en souvient simplement pas. Au cours de leur enfance, il n'a jamais été spécialement méchant, juste indifférent, envers elles comme envers leur mère.

En dehors de son père absent, Daphné eut une enfance très équilibrée, à la manière des sangs-purs, à ceci près qu'elle avait une mère aimante, pas comme certains de ses semblables. Entre les cours de bonne manière, l'apprentissage de la danse ou d'autres fondamentaux d'une jeune sorcière de bonne famille, et les leçons de son précepteur, Daphné passait également beaucoup de temps avec sa petite soeur, une enfant pleine de vie et la principale source de bonne humeur au manoir Greengrass. Daphné a toujours su que sa mère était un peu triste, dans le fond. Elle voyait fréquemment Madame Parkinson ou Madame Malefoy, mais en dehors de ça ses journées étaient vides, Daphné et Astoria passant de nombreuses heures à étudier.

L'enfance de Daphné lui apprit plusieurs choses, en dehors du bon comportement à adopter en société et des bases de la magie. Premièrement, dans ce monde, il fallait jouer un rôle, plaire aux gens pour espérer obtenir ce que l'on désire. Deuxièmement, elle n'aura pas de petit frère, et en tant qu'héritière Greengrass, son premier fils devra porter ce nom de famille. Dernièrement, son père ne prête pas attention aux pleurs, et comprend facilement les tentatives de manipulation les plus poussées.


Entrer à Poudlard a ses avantages pour Daphné, mais cela présente aussi ses inconvénients. À peine a-t-elle posé un orteil dans le train que sa mère et sa petite soeur lui manquent. La séparation est difficile, elle qui n'a jamais passé plus de deux nuits éloignée de sa famille. Mais rapidement, elle retrouve Pansy, la fille d'une amie de sa mère, et elle se sent beaucoup moins seule. Dès le train, elles retrouvent tout un petit groupe d'enfant au sang pur, qui se fréquente par l'intermédiaire de leurs parents quasiment depuis la naissance. Daphné est bien préparée au monde rude qui l'attend, et est satisfaite de constater qu'elle ne fait aucun faut pas, jusque dans sa répartition à Serpentard. Le choixpeau a prit un peu de temps, mais pas assez pour soulever des questions chez ses nouveaux camarade. Quand on lui demande pour quelle maison il a hésité et qu'elle répond Serdaigle, le préfet assit à ses côté sourit, et elle comprend que c'était la seule réponse tolérable de toute manière, tant mieux qu'elle soit vraie.

Les cours débutent et les choses se compliquent un peu pour Daphné. Elle n'est pas excellente avec une baguette à la main, juste assez bonne pour ne pas jeter la honte sur sa famille. Elle travaille, mais ses résultats en sortilèges, métamorphoses et défense restent corrects et sans brillance. Malgré tout, être légèrement à la traîne dans ces matières lui attire la sympathie de certains camarades qui aiment être premier, et évite probablement à Daphné de se faire une ennemi en la personne de Pansy, facilement jalouse. Au contraire, Daphné brille en potion et se débrouille bien en botanique, mais ça ne dérange personne, et quand elle devient une bonne excuse pour le professeur Rogue d'offrir des points à leur maison, Daphné s'intègre complètement dans le petit groupe de Serpentard.
Elle admire beaucoup son directeur de maison et la matière qu'il enseigne : les potions la passionnent, et peu à peu elle ralentit ses efforts dans les autres matières, consciente qu'elle ne sera jamais mieux que correcte, pour se plonger dans l'infinité de possibilité qu'offrent les potions.

En troisième année, Daphné commence l'Arithmancie, et trouve ainsi un deuxième fort intérêt pour une de ses matières scolaires. En dehors des cours bien sûr, elle continue de creuser son trou auprès de Pansy, qui est presque devenue une amie au fil du temps. Daphné est convaincue que si deux élèves parmi leur promotion doivent avoir un avenir exceptionnel, ce sera Pansy et Drago. Avoir de bonnes relations avec eux ne peut être que positif, et au fil du temps, elle les apprécie réellement.

En cinquième année, la nomination de Pansy et Drago en temps que préfets montre à Daphné que son impression a toujours été bonne. Elle ne rentre pas pour autant dans la brigade inquisitoriale, son objectif n'est pas de se mettre les trois quarts de Poudlard à dos. Cela ne l'empêche pas de dénoncer certains camarades pour avoir les faveurs d'Ombrage, passant trop de temps à étudier les nombres ou faire des recherches en potions pour devenir un membre effectif de la brigade, ce dont elle n'avait même pas envie en premier lieu.
Daphné obtient toutes ses BUSES, mais de justesse pour certaines matières, qu'elle ne conservera pas.

Notes des BUSES:

Daphné vit les deux attaques de Poudlard, comme un témoin silencieux. Son statut de sang et l'allégeance de son père la place en sécurité par rapport aux mangemorts, son statut d'élève la protège des autres. Le décès de Dumbledore, puis la chute de Mcgonagall ne la dérange pas plus que ça, bien qu'elle ait conscience des jours sombres à venir. Le sort des sorciers inférieurs ne la préoccupe pas trop, mais le durcissement de Poudlard, si : elle a encore deux années à y passer, et sa soeur quatre.
Pourtant, les choses se passent assez bien. Daphné est parvenu à constituer des alliances solides au fil des ans, et Astoria, plus douce qu'elle, en profite aussi. Toutes les relations de Daphné savent bien qu'elle ne supporterait pas qu'il arrive quelque chose à Astoria.

Notes des ASPICS:

Lorsque Daphné sort diplômée de Poudlard, à l'été 1998, la situation au Ministère, où son père travaille toujours, est optimale. Il a toujours été un fidèle serviteur du Lord, et se trouve récompensé avec un poste à responsabilité, très prenant. Cela ne dérange pas Daphné, qui a obtenu l'autorisation d'utiliser une salle dans le sous-sol du manoir pour faire de la potion. Elle ne poursuit pas vraiment d'étude, le fait de pouvoir malgré tout avoir une forme de travail est déjà bien, et son père le lui a clairement fait comprendre. Véga, la mère de Daphné, est atteinte d'une maladie assez rare, pas mortelle mais qui l'affaiblit et explique peu-être les difficultés rencontrées lorsqu'elle a mit au monde ses filles. Les potions pour l'aider sont chères, et c'est l'excuse qu'utilise Daphné pour pouvoir avoir en parallèle son petit laboratoire. Elle est loin d'être aussi douée qu'un vrai potionniste, mais elle aime faire ses recherches et expériences.
Evidemment, cette situation assez tranquille ne dure pas éternellement. Depuis sa sortie de Poudlard, Daphné se rend à plusieurs reprises à des soirées mondaines regroupant Mangemorts et autres nouveaux dirigents de ce monde : elle est l'héritière Greengrass, et son père le lui fait bien comprendre. Son sexe et son talent plutôt limité pour la magie de combat n'en font pas une recrue pour renforcer les Mangemorts. Le problème est ailleurs. Daphné n'est pas trop surprise lorsque quelques mois avant ses vingt ans, son père commence à lui parler de mariage. Pas beaucoup plus quand, par une matinée brumeuse de décembre, il lui annonce qu'elle est fiancée.

Intérieurement pourtant, Daphné est dévastée. Un mariage est peut-être la dernière chose au monde qu'elle souhaite. Le futur est incertain, mais dans tout les plans qu'elle s'est construit, tout les scénarios qu'elle a envisagé, elle évite le mariage arrangé. Elle était naïve s'en dote de l'avoir espérer, en tant que première fille d'une fratrie féminine. Pendant un moment, elle envie Astoria, espère que les rôles soient échangés, avant de s'en vouloir d'avoir souhaité ça pour sa soeur.
Alors, comme à son habitude, Daphné essaye de gagner du temps. Elle espère du fond du cœur trouver une solution, permettre à son rêve de devenir potionniste ou Médicomage de ne pas s'évaporer complètement, même s'il est irréaliste depuis le début. Une sorcière de son rang ne travaille pas.
Pour ce faire, elle trouve de nombreux prétextes : elle retarde d'abord la rencontre avec son fiancé en prétextant être en rupture d'un ingrédients, et part seule dans le Nord de l'Europe pour le trouver. Elle se surprend elle-même quand le stratagème fonctionne, et se dit que peut-être le fiancé en a autant envie qu'elle, de ce mariage arrangé. Ça ne la rassure pas, elle qui ne veut surtout pas d'une vie triste similaire à celle de sa mère.
Elle réussit à repousser la rencontre un moment, si bien qu'à l'aube de l'an 2000, elle ignore toujours tout de son mystérieux fiancé : son père ne lui a même pas dit son nom, et elle ne cherche pas trop à le savoir, car elle est certaine qu'il s'agit juste d'une manipulation d'Ian pour l’intéresser à ce mariage.